Escapade aux oiseaux
Entre nous et la nature
Harfang des neiges
Ce noble et grandiose oiseau de proie séjourne dans le sud du Québec de la mi-novembre à la fin février. Parfois abondant, parfois discret, ce visiteur exceptionnel impressionne par sa grande beauté et inspire la quiétude. Il entame sa migration à partir de la toundra du Grand Nord canadien pour venir séjourner dans le sud du Québec.
Le meilleur endroit pour l’apercevoir est sans aucun doute dans un milieu ouvert comme un champ agricole, là où campagnols et petites souris abondent. On le verra parfois juché à la cime d’un arbre, sur une petite butte de terre, sur un piquet de clôture, ou directement sur le sol, mais aussi en bordure de route, sur un poteau électrique, un lampadaire.
Par une belle journée d’hiver pleine de soleil, j’ai repéré ce magnifique Harfang des neiges dans un champ agricole. Il n’y avait pas beaucoup de neige au sol et cela m’a permis de l’apercevoir sans avoir à le chercher!
REPÉRER UN HARFANG DES NEIGES SUR UN SOL ENNEIGÉ EST BEAUCOUP PLUS DIFFICILE ET DE SURCROIT, SI IL S’AGIT D’UN MÂLE ADULTE. LE PLUMAGE EST ALORS QUASI BLANC IMMACULÉ ET IL SE CONFOND DANS LE PAYSAGE.
Le Harfang des neiges est considéré comme l’un des plus lourds strigidés de l’Amérique du Nord. Pour combler ses besoins en nourriture, il doit capturer de 7 à 12 souris par jour. Il chasse aussi bien le jour que la nuit.
Durant la période de reproduction, le chant du mâle est monotone avec des notes rudes et puissante. Les femelles produisent un son semblable mais plus aigu et guttural. En dehors de cette période, il est plutôt silencieux.
Jeune ou adulte?
Adulte, le mâle est presque entièrement blanc. La femelle adulte est plus sombre et arbore des plumes blanches striées de brun foncé. Les jeunes des deux sexes nés dans l’année ont un plumage plus sombre que les adultes. Le mâle immature ressemble à la femelle adulte tandis que, vue de loin, la femelle immature peut paraître gris foncé tant elle est striée. La couleur claire du Harfang des neiges facilite son camouflage sur la neige, mais cet avantage disparaît en été.
Le Harfang des neiges se nourrit de lemmings, un petit rongeur qui vit en Arctique. Les populations de lemmings évoluent en fonction d’un cycle particulier et le Harfang des neiges est dépendant de ce cycle.
Lemming brun; crédit photo: Mathilde Poirier, Université Laval.
Populations de Lemmings
Une explosion des populations de lemmings survient lorsqu’ils se multiplient rapidement jusqu’à atteindre un nombre maximal d’individus. Par la suite, il y a une chute drastique des populations au point où ils disparaissent presque complètement en raison de maladies, de prédateurs ou de la famine et… le cycle recommence. Cela a une conséquence sur les populations de Harfang des neiges. Les années où il y a absence d’abondance de lemmings, le Harfang des neiges ne se reproduit pas.
Lorsque la population de lemmings est abondante, la reproduction du Harfang des neiges se porte bien et un couple peut alors avoir cinq à sept jeunes.
Selon une étude récente parue dans la revue Oecologia, la migration périodique de harfangs des neiges dans nos régions pendant l’hiver survient après des étés où la nourriture est abondante et non, en raison du manque de nourriture dans le Nord.
Cette conclusion à été démontrée par des chercheurs de l’Université du Québec à Rimouski. L’étude se base sur 18 ans d’observations citoyennes de ce rapace dans les régions tempérées. En comparant les dénombrements de harfangs avec l’abondance de petits rongeurs estimée sur deux sites en Arctique, entre 1994 et 2011, l’abondance de nourriture favoriserait la survie des petits et augmenterait ainsi le nombre de harfangs, majoritairement de jeunes oiseaux, migrant vers le Sud durant l’hiver.
Des proies sous la neige
Grâce à sa vue et son ouïe exceptionnelles, il est capable de détecter des mouvements à un kilomètre de distance et détecter les petits mammifères se promenant sous la neige.
Contrairement à la majorité des strigidés, le Harfang des neiges est diurne. Il chasse donc durant le jour, ce qui est très avantageux considérant qu’il passe son été dans l’Arctique, où le soleil est présent 24 heures sur 24. Comme il passe beaucoup de temps dans les milieux froids, le harfang est bien adapté pour affronter les pires conditions. Il possède des plumes épaisses, sous lesquels se trouve une importante couche de duvet, qui l’isolent et lui permettent de garder une température corporelle entre 30 et 40 °C malgré des températures de – 50 °C. Des plumes cachent aussi son bec et ses pattes.
Photos: © escapadeauxoiseaux.com
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