Les biologistes de l’Université du Québec à Rimouski étudient de près le Plectrophane des neiges. Et pour cause, dans une recherche publiée dans Ecology and Evolution, il a été démontré que ce spécialiste du froid a une faible tolérance à la chaleur et potentiellement au réchauffement de l’Arctique.
D’autres espèces de l’Arctique sont aussi sous surveillance et selon une étude de la National Audubon Society, les impacts sur les populations aviaires sont déjà visibles aujourd’hui avec des sécheresses, des incendies ou encore un gel tardif.
À cela, s’ajoute le fait que bien que bon nombre des oiseaux du Sud, pressé par les changements climatiques, serait poussé vers le nord, dans des territoires comme la forêt boréale et éventuellement l’Arctique. Les oiseaux de l’Arctique, eux, n’auront plus vraiment d’endroits où aller.
Le Plectrophane des neiges passe la majeure partie de sa vie à des températures inférieures à 0°C. Il a d’ailleurs développé des mécanismes physiologiques qui lui permettent de résister à des températures extrêmement froides, allant théoriquement jusqu’à -90°C.
Comme l’Arctique se réchauffe rapidement, l’équipe de recherche s’attend à ce que les températures environnementales plus élevées combinées à une forte activité signifient que les plectrophanes en milieu naturel pourraient connaître davantage de périodes de stress thermique.
Les données montrent que les plectrophanes sont inefficaces pour dissiper la chaleur corporelle. Les chercheurs de l’UQAR croient qu’il y a un risque pour la reproduction de l’espèce, car les individus pourraient devenir moins efficaces pour nourrir leur progéniture. Donc, moins de succès à amener les oisillons à prendre leur envol. Les changements climatiques risquent de rendre le maintien de leur température corporelle de plus en plus difficile.
Contrairement aux humains, les oiseaux n’ont pas de glandes sudoripares et ne peuvent pas transpirer. Cela réduit la perte de fluide, mais rend le refroidissement plus difficile. C’est la raison pour laquelle, les oiseaux halètent comme les chiens pour se rafraîchir.
Lors de l’inhalation et de l’expiration par le bec ouvert, l’eau s’évapore et dégage de la chaleur. Les oiseaux réduisent leurs déplacements lorsqu’il fait chaud et limitent leurs activités aux heures plus fraîches du matin et du soir.
Au cours de l’étude de l’UQAR, 95 % des individus n’arrivaient pas à évacuer l’équivalent de leur propre production de chaleur, donc quand la température augmente, la surchauffe devient rapidement inévitable.
Les plectrophanes ont développé un système de régulation propre de la température interne adapté à leur métabolisme élevé et à leur meilleure capacité à perdre de la chaleur par évaporation. Les plumes et le dépôt de graisse sous-cutané procurent à l’oiseau une isolation thermique parfaite lui permettant de lutter contre le froid, mais pouvant lui être défavorable par forte chaleur.
Les travaux de l’équipe ont été menés au laboratoire d’étude de la faune de l’UQAR situé à la station militaire d’Alert, à environ 800 kilomètres du pôle Nord. Il s’agit d’un des laboratoires les plus nordiques du monde.
VICTIME DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE DANS L’EXTRÊME NORD DU CANADA, LE PLECTROPHANE DES NEIGES RISQUENT MALHEUREUSEMENT D’Y LAISSER QUELQUES PLUMES.
Photos: © escapadeauxoiseaux.com
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