En juillet 2022, je me suis rendu sur l’île aux Perroquets pour observer une petite colonie de Macareux moine en nidification. Un long trajet de 1200 km en voiture pour atteindre cette petite île d’à peine 300 mètres par 100 mètres.
Au Québec, quelques petites colonies de Macareux moine nichent entre autres, près des Îles de la Madeleine sur les rochers aux Oiseaux ainsi que sur l’archipel de Mingan sur la Côte Nord. C’est en Islande que les plus grandes colonies sont présentes; 2 à 3 millions de couples.
La Minganie fait partie de la région de la Côte–Nord du Québec et les îles aux Perroquets sont la porte d’entrée de l’archipel des îles de Mingan. Un regroupement de quatre îles situées à environ 4,5 km de la rive nord du golfe du Saint-Laurent, dans le secteur ouest de la Réserve de parc national de l’archipel-de-Mingan
On retrouve l’île aux Perroquets, l’île de la Maison et les îles du Sud et du Nord de l’île du Wreck.
L’archipel compte plus de 1000 îles, îlots, cayes et récifs et abrite 35,000 couples d’oiseaux marins de 12 espèces différentes durant leur période de reproduction.
Minuscule, l’île aux Perroquets se situe à l’extrémité gauche de la carte.
Le départ vers l’île depuis Longue-Pointe-de-Mingan est une traversée d’environ 25 minutes. Deux entreprises offrent ces excursions: La famille Loiselle http://www.tourisme-loiselle.com et la famille Vibert https://www.minganie.info/fr/excursions-du-phare-iles-de-mingan/.
Il faut être au fait que certains jours, il est impossible pour les bateliers de naviguer à cause des mauvaises conditions météorologiques.
L’île aux Perroquets est un gros rocher calcaire aux falaises abruptes d’où l’on peut observer les macareux moines mais aussi des guillemots à miroir, des petits pingouins, des eiders à duvet, des mouettes tridactyles et de grands corbeaux. Ces espèces nichent principalement dans les falaises et les éboulis de l’île.
Fidèle à son climat, l’archipel est enveloppé d’un épais brouillard qui se dissipe lentement sous l’effet des doux rayons du soleil.
Le temps maussade, le vent omniprésent et l’épais brouillard qui entourait notre embarcation me laissait présager une visite plutôt décevante. On filait à vive allure vers l’île aux Perroquets et je pensais à tous ces kilomètres parcourus, espérant avoir la chance d’observer ces magnifiques oiseaux.
En s’approchant de l’île de la Maison, le capitaine a ralenti sa course. L’épais brouillard était toujours présent mais je pouvais distinguer des silhouettes d’oiseaux au sommet d’un rocher.
J’ai tout de suite empoigné ma caméra au rythme et à la cadence de la houle et sans trop réfléchir, j’ai déclenché et fait quelques rafales. Trois petits pingouins et deux macareux moine se prélassaient sur le rocher. Un moment magique que je garderai longtemps en mémoire!
Le Macareux moine est aussi appelé Perroquet de mer à cause de son bec coloré qui rappelle celui des perroquets.
Sans artifice, l‘île aux Perroquets est couverte d’herbes entrelacées de magnifiques fleurs sauvages et de petits arbustes poussant sur un sol calcaire. Les vents, les températures fraîches et les précipitations y sont abondantes. Les étés sont frais. Les hivers sont polaires et le climat est partiellement nuageux tout au long de l’année.
Dès que l’on met le pied sur la terre ferme et que l’on jette un regard sur le lieu, on est happé par la beauté brute de l’île. Tout simplement magnifique et débordante d’histoires, dont celle du comte et naturaliste français, Henry De Pyujalon. Issu d’une famille noble de France, c’est en 1874 qu’il quitte son pays pour venir refaire sa vie sur la Basse-Côte-nord du Québec et devient, en 1888, le premier gardien de phare de l’île aux Perroquets. Auteur de plusieurs livres traitant de la faune et du Nord québécois, il fut l’un des premiers naturalistes qui tenta de mettre en garde les autorités contre la surexploitation des richesses naturelles. Un gin a d’ailleurs été concocté en sa mémoire par la Distillerie Puyjalon, située à Havre St-Pierre, à une trentaine de minute de Longue-Pointe-de-Mingan. Le second gardien du phare, Placide Vigneau, un auteur québécois tient un journal de 1892 à 1901, où il décrit ses observations sur l’île.
La station de phare de l’île a été à la quasi-abandon pendant plus de 30 ans. Depuis, les bâtiments ont été restaurés, dont le plus récent phare érigé en 1951, la maison du gardien du phare et celle de l’assistant. Sa nature est mise en valeur par des activités d’interprétation et l’ancienne maison du gardien et celle de l’assistant ont été transformé en auberge.
Le criard de brume ou corne de brume était un instrument indispensable qui guidait les capitaines de petits bateaux à se localiser par temps de brume. C’est en 1919 que le premier criard à brume été mis en fonction sur l’île aux Perroquets. Le bâtiment du criard de brume est réservé à une exposition sur l’histoire du phare et sur les divers moyens de communication de l’époque.
Les Macareux moine se déposent sur l’île vers la mi-avril et ils quittent début septembre. Ils passent l’hiver dispersés un peu partout dans l’Atlantique Nord, loin de la terre ferme. Une fois débarqué sur l’île, au bout du quai, à gauche sur la rive, il y a plusieurs terriers creusés dans une longue butte.
CES TALUS HERBEUX SONT PARTICULIÈREMENT PROPICES À L’OBSERVATION DU MACAREUX MOINE.
Les excursions proposent la visite de quelques îles avec un arrêt d’environ une heure sur l’île aux Perroquets. Il est toutefois possible de réserver pour y passer la journée. Ce que nous avons fait. Une fois sur l’île, notre groupe s’est rassemblé près des talus. Les macareux se faisaient plutôt discrets mais peu de temps après le départ du groupe, nous étions alors seuls sur l’île, les macareux ont repris leurs activités. À notre grand bonheur!
Cet oiseau préfère les petites îles en raison de la rareté des prédateurs.
La colonie de macareux moine de l’île aux Perroquets compte environ 300 individus. Les conditions écologiques et océanographiques du golfe Saint-Laurent sont propices à l’établissement des macareux. Le brassage des eaux induit par les courants marins favorise la production de nourriture comme le lançon et le capelan. Étonnement, le macareux peut capturer et retenir jusqu’à 60 petits poissons dans son bec. Toutefois, lors de mon passage sur l’île, les macareux revenaient vers leur terrier le bec plutôt vide!
Les émissions sonores du macareux moine se résument à des sons plaintifs et étouffés.
Le Macareux moine peut voler à une vitesse de 80km/hre. Il file à vive allure, se dirigeant directement dans son terrier, sans ralentir. Une rapidité et une précision déroutante! Il doit battre des ailes rapidement (300 à 400 battements à la minute) pour se maintenir dans les airs.
Mais parfois, après un envol laborieux, il éprouve beaucoup de difficultés à l’atterrissage et s’écrase souvent au sol ou sur la mer.
De la taille d’un pigeon, le Macareux Moine appartient à la famille des Alcidés. Son poids est d’environ 400 g et sa longueur totale peut varier entre 29 et 34 cm. Le mâle est habituellement plus gros que la femelle.
La nidification est la principale raison de la venue des Macareux moine sur l’Île aux Perroquets. La reproduction du macareux se fait vers l’âge de quatre ou cinq ans. Dès leur arrivée, ils se rassemblent sur l’eau, près de leur site de nidification. Le couple revient, chaque année, occuper le même terrier, soit un trou de 70 à 100 cm creusé dans le sol.
Avant l’accouplement, le macareux parade de manière assez discrète. Au début juin, la femelle pond l’unique œuf que les parents couvent, à tour de rôle, durant 40 jours. Une fois l’œuf éclos, les parents se chargent de trouver les lançons et capelans pour nourrir leur petit pendant 6 semaines.
Le couple demeure uni pour la vie et réutilise le même terrier d’année en année. Les macareux peuvent vivre environ 25 ans.
Les principaux prédateurs des macareux moines sont les goélands marins qui s’attaquent aux adultes et les goélands argentés qui s’attaquent aux oisillons.
Chaque année, des centaines de macareux se font prendre dans les filets des pêcheurs. Ils sont très vulnérables à la pollution par les hydrocarbures puisqu’ils passent la majeure partie de l’année en mer. On estime la population mondiale de macareux moine entre 6 et 8 millions d’individus tandis que la population canadienne est estimée à un demi-million.
Sur l’île, nous avons aussi observé des petits pingouins qui nichent sur les corniches et les talus d’éboulis de falaises. En septembre, tout comme les macareux, ils quittent l’île. Les petits pingouins passeront alors de huit à neuf mois en mer sans revenir sur la terre ferme.
L’île aux Perroquets m’a charmé par ses paysages pittoresques, ses oiseaux uniques et l’histoire de son riche passé.
De magnifiques oiseaux sur une île d’une grande beauté!
Photos : © escapadeauxoiseaux.com
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